JEAN-MICHEL PRADEL-FRAYSSE, sculptures

Galerie Éric Mircher – 26, rue Saint-Claude. 75003 PARIS



Comme Jean-Baptiste OUDRY fut le peintre attitré de la ménagerie de Versailles, Rembrandt BUGATTI le sculpteur officiel du zoo d’Anvers, ou François POMPON celui du Jardin des Plantes, Jean-Michel PRADEL-FRAYSSE a eu son atelier au zoo de Vincennes. Mais si les techniques de cet artiste s’inscrivent évidemment dans cette grande tradition animalière, son inspiration est moins naïve, moins naturaliste et peut-être moins décorative, selon l’acception qu’on donne au mot décoratif.

Sa fascination pour le règne animal s’augmente en effet explicitement d’une méditation ontologico-ironique sur l’humain, sa sauvagerie et tous les jeux du devenir-animal.

                       

De gros molosses de bronze chromé sont tenus par des laisses dressées dans le vide, tendues au bout de mains de dresseurs absents, tandis que la corne de cire jaune d’un rhinocéros a commencé de fondre et de couler mollement sur le sol. L’homme, lui, il est bien là, derrière l’animal, sous lui, dans ces autoportraits où PRADEL-FRAYSSE s’est masqué de gueules, a muselé sa figure humaine dans des faciès de chiens méchants ou d’un éléphant à la trompe piédestale. Mais il n’y a pas grand-chose de totémique dans ces autoportraits d’un genre spécial. Un soin tout particulier y a été apporté à la représentation des lanières, des courroies, des boucles qui assujettissent sur la tête humaine le masque de l’animal, comme dans une autre sculpture, le système très précis de harnais ou de baudrier fixant sur le buste anthropomorphe la tête entière d’une girafe à haut col. C’est qu’il ne s’agit pas de masquer le lien, comme ces laisses déjà citées qui relient le maître et l’animal dans une dialectique ambiguë où l’esclave n’est peut-être pas celui qu’on croit et où celui qui fait la bête fait l’ange et inversement.


Il y a encore une magnifique autochenille (ou bulldozer) dont la tourelle (ou la pelle) a simplement été remplacée par la pince démesurée, dépareillée et repliée d’un crabe, parfaitement intégrée à l’organisme de bronze ; des massacres de papier mâché cordiformes dans lesquels les bois des animaux morts sont en réalité des artères et des veines probablement humaines ; et des armes à feu en bois absolument convaincantes, comme le parapluie tout en bois sculpté de Gertrude Stein qui était « parfait sauf en cas de pluie ».

                                          

Chiens d’attaque ou de défense, armes, cœurs ouverts, fauves, guerre, chasse, tout cette panoplie, sans morbidité aucune, dit quelque chose sur la mort, donc sur la vie, les dangers, les peurs. Mais ce n’est que de l’art.


Du très grand art, drôle aussi, comme des fables de La Fontaine en trois dimensions : L’homme qui voulait être un loup pour le chien ou Portrait de l’artiste en grosse bête.


José Puig

in http://blabla.blog.lemonde.fr ° 11 septembre 2006

jean-michel pradel-fraysseaccueil.html
sculpturessculptures.html
exposexpos.html
textestextes.html
vidéovideo.html
biographiebio.html
pressepresse.html
contactmailto:pradel.fraysse@online.fr?subject=contact/pradel-fraysse.org